Kinshasa correspondance
Jésus Kibunde, 22 ans, parle les yeux dans le vide, dans l'espèce de vide de sa vie. Soudain, ce poids léger retient ses larmes quand la conversation glisse sur les Jeux olympiques de Sydney de septembre 2000. Il a l'air de devenir tout petit, ce boxeur qui aurait pu, s'il était parti à l'heure, s'il était arrivé à temps, remporter une médaille, pourquoi pas d'or. Mais il a débarqué en Australie vingt-quatre heures après la pesée d'engagement et n'a même pas pu participer au tournoi. «Pendant une semaine, je n'ai pas mangé. J'étais trop choqué. Quand je rêve de ça, ça me fait mal.» C'était la première fois qu'un boxeur congolais se qualifiait pour les Jeux olympiques. Mais le gouvernement de Kinshasa, avec ses préoccupations guerrières, sa désorganisation générale, n'a pas réussi à planifier son voyage correctement.
Congo Boxing Club. Jésus Kibunde, orphelin à 12 ans, a fait de la boxe sa famille. Natif de Lubumbashi, dans la province du Katanga. Il prend l'avion pour la première fois en avril 1999 et débarque à Kinshasa pour disputer les championnats du Congo, avec son entraîneur Dominique Milambo et une dizaine d'autres boxeurs du Congo Boxing Club. Après la compétition, que Jésus a remportée, personne n'a voulu payer le voyage pour qu'ils rentrent chez eux. Depuis, ils vivent tous ensemble dans un petit dortoir sombre et mal aéré au stade des Martyrs, et eux-mêmes ne savent plus très bien s'ils veulent rester ou rentrer.
Le stade des Martyrs de Kinsha