Rome de notre correspondant
«D'abord, je chasse tout le monde, puis j'achète les meilleurs joueurs de la planète, enfin je gagne le championnat.» Avec son habituel franc-parler, son assurance consolidée par un patrimoine de milliardaire et son bon sens de montagnard des Marches, Franco Sensi résumait ainsi, en 1993, son programme pour l'AS Rome. Alors âgé de 67 ans, le roi des cuves pétrolières en Italie venait de reprendre le club au bord de la faillite: la sulfureuse gestion du précédent propriétaire l'avait conduit au désastre. En huit ans, Sensi est parvenu à appliquer sa recette à Rome et à offrir l'an passé au club son troisième titre national, marqué du sceau de Totti, Cafu ou Battistuta.
Entreprise familiale. Lorsqu'il débarque il y a huit ans à la tête de l'équipe, Sensi fait table rase. Il met dehors la plupart des stars, dont le gardien Cervone et l'attaquant Rizzitelli, s'abstient de renouveler le contrat du «prince» Giannini et change l'encadrement. Fils d'une famille de bergers devenus propriétaires terriens, Sensi reprend, à la tête de l'AS Rome, les méthodes grâce auxquelles il s'est imposé dans des secteurs aussi variés que le pétrole, les pizzas surgelées, le bâtiment et l'édition. Il gère la Roma comme une entreprise familiale, se fiant avant tout à ses proches, aux amis du clan Sensi (à commencer par Andreotti) et à son flair de vieux marchand. Celui qui définit «le rôle d'un président de club comme celui d'un père» délègue peu et décide pratiquement de tou