Un nageur algérien. C'est comme un tennisman taïwanais ou un skieur sénégalais. Personne n'y croit. Pourtant, depuis quelques années, Salim Iles prouve que l'Algérie a une place à défendre au sein de l'élite mondiale de la natation. Et que son exemple peut permettre à des jeunes de reprendre espoir.
En juillet 1993, à 18 ans, Salim débarque à Paris avec le nom d'un entraîneur dans la poche. Stéphane Bardoux, qui travaille au Racing Club depuis plus de dix ans et a conduit la carrière de Stéphane Caron, l'accueille. Il ne lui faut pas longtemps pour comprendre que le jeune Algérien timide qui vient faire quelques longueurs dans la piscine du club, dans le VIIe arrondissement de Paris, est un futur champion. Il est grand, présente de bonnes qualités physiques. Surtout, alors qu'il nage à l'instinct, en reproduisant ce qu'il a vu à la télé et en faisant des virages sans technique, il a déjà battu le record d'Algérie du 100 mètres nage libre. En septembre 1993, leur collaboration débute vraiment. Tout change pour le jeune Algérien. Il s'installe à Paris chez son frère aîné, ingénieur en informatique, et apprend à devenir un sportif professionnel. Sa charge de travail est doublée, il découvre les stages, avec une vraie préparation physique et la présence de kinés au bord des bassins.
«Pas chauffées». Autant de luxes inimaginables dans sa ville d'origine, Oran. «Là-bas, encore aujourd'hui, on s'entraîne un jour sur deux, quand ce n'est pas une semaine par mois, et on se retrouve à v