Menu
Libération

Abati, le bras gauche de Dieu

Article réservé aux abonnés
publié le 28 janvier 2002 à 21h49

Au commencement, Joël Abati était un homme comme tous les hommes. Il faisait la foire, sifflait les filles dans la rue et disait plein de gros mots. «Il me fallait une conduite», dit-il aujourd'hui. C'est alors qu'un jour la foi lui est tombée dessus. Il lui reste une belle bosse. Ses camarades de l'équipe de France, intrigués par cette météorite céleste qui a assommé leur cher Joël, sont venus toucher l'admirable bosselé: «Parfois, ils viennent dans ma chambre me demander de leur expliquer la Bible.» Forcément, au début, les Bleus se sont un peu moqués: «La foi est un chemin étroit», leur a-t-il expliqué doctement. Ils sont repartis très inquiets, en se disant que ça lui passerait. Lui a haussé les épaules. En son for intérieur, il s'est dit: pauvres pécheurs, et aussi, bande de pauvres cons. L'équipe l'a alors regardé comme une poule regarderait un couteau.

Pourtant, Joël n'est pas un illuminé. Sa foi, il la garde pour lui. Gardons à l'esprit que notre homme joue principalement au hand et n'est donc pas missionnaire évangélique: «Je ne veux pas être le prosélyte du groupe», répète-t-il. Joël est un homme simple et accueillant. Comme il est assez grand (1,90 m), on le regarde d'en dessous. Joël ne se déplace jamais sans l'Ancien et le Nouveau Testament. C'est un sacré poids dans le sac de sport. Au début, il tâtonnait épouvantablement. Et il cherchait Dieu partout. Mais vu qu'on lui avait assuré que l'homme descendait du singe et que Darwin avait tout dit là-dessus, ça le tr