Grenoble correspondance
L'incroyable muraille de glace et de roc est derrière lui. Après quatorze jours d'escalade solitaire et de souffrances, Lionel Daudet, alpiniste des Hautes-Alpes de 34 ans, est venu samedi à bout d'Eldorado, une voie moderne d'une difficulté extrême, «directissime» du centre de la face nord des Grandes Jorasses, à l'aplomb de la pointe Whymper (4 184 mètres d'altitude). Avec ce succès, Lionel Daudet a ainsi accompli la première partie de son grand projet: gravir d'une foulée les trois plus belles faces nord des Alpes (Grandes Jorasses, Cervin et Eiger) en hivernale, en solitaire et par les voies les plus difficiles (Libération du 7 janvier).
Engagement. Il est le premier à répéter Eldorado depuis son ouverture par le Russe Valeri Babanov, en juillet 1999, mais également le premier à parcourir cette voie en hiver. Son ascension impose le respect par sa longueur, sa difficulté, la rigueur des conditions météorologiques, mais aussi par l'engagement total de Lionel, parti sans aucun moyen de communication. «C'est plus du combat que de l'alpinisme», reconnaissait-il en rigolant samedi soir, entouré de ses amis au refuge de Leschaux, les pieds dans une bassine d'eau chaude pour tenter de ranimer ses orteils toujours insensibles.
Mercredi 23 janvier à 14 heures, il a atteint en pleine tempête l'arête sommitale des Grands Jorasses, après douze jours d'escalade ininterrompue, même les jours de neige et de grand froid. Il est allé au bout de sa détermination, fais