Du haut de ses 17 ans, Brian Joubert se présente comme un patineur artistique vraiment amateur. Il sera peut-être le seul dans ce cas à être cette nuit sur la patinoire de Salt Lake pour le programme court. Il y a trois semaines, à part son coach et ses potes du club SPCG Poitiers, personne ou presque n'avait jamais entendu parler de lui. Pour ce jeune homme, tout s'est joué à Lausanne le 14 janvier à l'occasion des championnats d'Europe.
Sélection. Ce jour-là, lors des qualifications, il réalise un quadruple boucle piqué la plus grosse difficulté technique et atterrit plus tard sur la troisième marche des championnats d'Europe. Ce qui lui vaut aussitôt une première sélection olympique. S'il envisageait de participer aux Jeux, c'était plutôt en 2006, à Turin. Ce rendez-vous à Salt Lake City, personne ne l'avait vraiment prévu. Pas même Véronique Guyon, son entraîneur, qui, enceinte de huit mois, ne l'accompagne pas aux Etats-Unis. Situation peu banale dans un sport où les athlètes sont pouponnés jusqu'à en perdre leur âme. Les Jeux, l'absence de son coach, il évacue d'un philosophique: «Tout arrive en même temps.» Loin de Paris, camp de base des autres membres de l'équipe de France, c'est à Poitiers qu'il s'entraîne.
C'est là qu'il est monté sur des patins pour la première fois. A 4 ans. Véronique Guyon, son entraîneur de toujours, se rappelle ses débuts: «On aurait dit un canard, il ne glissait pas, il marchait maladroitement sur la glace.»
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