à Salt Lake City

Alexei Yagudin est apparu sur la glace avec le masque du héros, après avoir patiné sur la musique de l'Homme au masque de fer, chemise ornée d'un masque doré, légèrement ouverte sur une petite médaille qui n'était pas encore celle de la récompense olympique. Le Russe l'obtiendra en or, logiquement, après un programme libre qui a frôlé la perfection ­ si l'on excepte la dérobade d'un patin à la réception d'une double boucle ­, ouvert par un enchaînement quadruple, triple et double boucles. Aucun juge n'a osé noter sa prestation en deçà de 5,9 pour la technique. A l'affichage des résultats, Yagudin ne pouvait retenir quelques larmes. En artistique, quatre jolis 6.0 (note maximale) venaient agrémenter une flopée de 5.9. Aux JO, ce score n'avait jamais été attribué à un patineur. Cette apothéose dépasse en intensité les trois titres mondiaux du Russe (1998, 1999 et 2000) et ses trois sacres européens (1998, 1999 et 2002).

A 21 ans, voilà Alexei Yagudin catalogué phénomène du patinage artistique. A Salt Lake City, le jeune Russe a allié la grâce au talent. Son expression artistique et sa présence font paraître ses adversaires au mieux comme de bons élèves disciplinés déclamant le plus justement possible une jolie récitation, au pire comme des besogneux qui ne patinent pas sur la même planète.

Evgueni Plushenko, son compatriote et cadet, devait revenir de trop loin à la suite d'un programme court qu'il avait terminé à une généreuse 4e place pour espérer inquiéter Yag