Personne n'a rencontré Lamine Gueye à Salt Lake City. Sans doute parce qu'il n'est pas là. Pourtant, c'est avec plaisir que, ces derniers temps, l'on avait revu l'élégante silhouette de celui qui fut l'un des rares et réguliers descendeurs black du grand cirque blanc en Coupe du monde, du milieu des années 80 à celui des années 90. Après une longue pause au cours de laquelle le Sénégalais, président de la Fédération sénégalaise de ski dont il est aussi le fondateur et l'un des principaux animateurs a vaqué à d'autres occupations. Il s'était mis en tête de participer, à 41 ans, à ses quatrièmes Jeux d'hiver, après Sarajevo en 1984, Albertville en 1992 et deux ans plus tard ceux de Lillehammer. Le problème, c'est que, depuis l'édition organisée dans les Alpes françaises, le CIO a changé les règles, écartant les nations qu'il juge trop exotiques. Avec des arguments discutables, du genre: «Les Jeux d'hiver sont une manifestation particulière, étant donné que pour des raisons tout simplement climatiques et géographiques ils ne conviennent pas à certains pays.» Lamine s'offusque de cet arbitraire, considérant que les Jeux ont perdu dans l'aventure leur esprit olympique, avec ce qu'il considère comme «une forme de discrimination raciale proprement inacceptable».
Depuis plusieurs mois, Lamine Gueye a donc sollicité Jacques Rogge pour que celui-ci reconsidère les critères de sélection. Mais si le grand Gueye, à la rhétorique convaincante, a été vu dans les aires d'arrivée depu