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Libération

La Finlande veut oublier le dope niveau

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publié le 18 février 2002 à 22h18

Lahti envoyé spécial

Eino Vahter se traîne quelque peu pour rejoindre le salon de sa maison, à Lahti. La cité finlandaise de 100 000 habitants est devenue «tragiquement» célèbre il y a un an: un scandale de dopage avait terrassé les meilleurs fondeurs finlandais lors des championnats du monde devant leur public. Eino Vahter se redresse devant le mur qui porte ses certificats de vétéran de la guerre d'hiver de 39-40. A 84 ans, il lui reste les terribles souvenirs de cet hiver où les Finlandais repoussèrent seuls l'armée Rouge. Il était dans une brigade qui avait dû abandonner les chevaux pour les skis. «Nous avions parfois de la neige jusqu'à la poitrine. Nous skiions jour et nuit. Nous étions si fatigués que nous avions des hallucinations, nous voyions des cabanes aux cheminées fumantes. Nous avions réussi à encercler une division russe.» Peu de soldats soviétiques en réchappèrent, d'après lui. «Les skis furent les clefs de la victoire.» Ces actions de commandos-skieurs ont largement contribué à établir la légende du fond, devenu sport roi en Finlande. Aujourd'hui, le vétéran suit amèrement les Jeux à la télé. «C'est triste. Nos champions ne sont pas autorisés à concourir. On a une mauvaise équipe, maintenant.» Comme beaucoup de Finlandais, il découvre enfin d'autres sports d'hiver, comme le saut à skis. Et se fait clément: «Se doper, c'était leur choix. Et les toubibs étaient les plus coupables. Ils auraient dû mieux les conseiller.»

«Trahis». Matti Haapoja, directeur du LHS,