Bernard Laporte et Jo Maso l'avaient dit et répété, ils s'attendaient à subir à Cardiff «vingt premières minutes de feu». «Les Australiens ont eu du mal à se défaire des Gallois en novembre, insistait l'entraîneur tricolore, et si ces derniers ont fait une contre-performance à Dublin, il ne faut pas oublier qu'ils ont été déstabilisés par les sorties prématurées du deuxième ligne Wyatt et du demi de mêlée Howley.»
Les cadres du XV de France ne s'étaient pas trompés. Pris à la gorge par leurs adversaires survoltés, à l'image d'un Scott Quinnell métamorphosé depuis la triste balade irlandaise (54 à 10: «Le pire jour de toute ma carrière», commentera le capitaine des Dragons rouges), les Bleus n'ont en effet pas vu un ballon pendant un gros quart d'heure, le temps d'encaisser un essai transformé et une pénalité.
Dignité. Laporte et Maso n'avaient, en revanche, pas prévu ces vingt dernières minutes haletantes durant lesquelles 15 rugbymen français à la godille allaient se voir confrontés non pas à 15 opposants déterminés, mais à tout un peuple conscient de renouer avec la fierté. «C'est peut-être là le plus impressionnant», dira un Nicolas Brusque plutôt serein sous les chandelles. «Quand les spectateurs poussent comme ça, le Millenium devient un chaudron en ébullition. A la limite, on a plus peur de ce qui peut se passer autour du terrain que de l'adversaire lui-même.»
Agressivité exceptée, l'adversaire en question n'avait rien de bien effrayant. Cependant, humilié («On ne verra p