«C'est une tradition, certifie Eddie Butler. Nous Gallois avons pour habitude de gagner à Murrayfield et de perdre à Cardiff. En revanche, les Ecossais ont coutume de s'imposer à Murrayfield lorsqu'ils jouent contre les Français.» Les statistiques ne sont pas loin de donner raison à l'ancien troisième ligne (et capitaine) du XV de Galles, reconverti dans le journalisme sportif. Entre 1980 et 1992, les Bleus s'inclinèrent en effet à sept reprises sur le sol écossais, avant d'en terminer enfin avec cette malédiction en 1994. Ils restent aujourd'hui sur deux victoires successives (1998 et 2000), pas forcément aisées pour autant. «Si j'étais à la place de Bernard Laporte [l'entraîneur français, ndlr], poursuit Butler, je refuserais de parler du match contre l'Angleterre, tout en convaincant les joueurs qu'il faut impérativement renouveler celui-ci.»
L'intéressé ne dit pas autre chose, qui, refusant d'évoquer ce Grand Chelem potentiel auquel son équipe est la seule à avoir toujours accès, a choisi de privilégier la notion de «réalisme ponctuel», censée favoriser la concentration d'un groupe ainsi placé devant ses responsabilités. «Si nous manifestons la même mentalité qu'au Stade de France contre les Anglais, souligne Jo Maso, manager du XV de France, si nous retrouvons la même envie de défendre férocement, de nettoyer les points de rencontre et d'envoyer du jeu quand il faut en envoyer, nous n'avons guère de soucis à nous faire. Si, par contre, nous ne jouons qu'un quart d'heure