Menu
Libération
Critique

Coups de cornes, coups de coeur

Article réservé aux abonnés
publié le 3 mai 2002 à 23h20

Vers 1880, à Séville, le torero gitan Fernando Gomez, «El Gallo», tombe amoureux de la danseuse gitane Gabriela Ortega. Mais il veut seulement faire l'amour avec elle. El Lillo et El Cuco, oncles de Gabriela, banderilleros et chanteurs, avertissent le torero : «Le lit, si tu l'épouses.» Pour Fernando, le mariage, non merci. Il fait déguiser son picador Bartolesi en curé, simule une noce, couche pendant trois jours avec Gabriela puis s'enfuit à Madrid. Les frères de Gabriela le retrouvent : «Ou tu retournes à Séville sur tes jambes pour te marier pour de bon ou tu y redescends en cercueil.» Fernando épouse Gabriela pour de bon et pour la vie. Ils auront 6 enfants 6, trois fils qui se feront toreros, trois filles qui épouseront des toreros.

En 1909, Rafael Gomez, «El Gallo», l'aîné, tombe amoureux de la chanteuse et danseuse gitane Pastora Imperio. Rafael l'enlève, file à Madrid avec elle, l'épouse, l'abandonne après quelques mois en lui disant : «Je descends acheter des havanes.» Pastora, qui était pourtant l'amour de sa vie, refera plus tard la sienne avec un fabricant de cigares. Elle dira un jour : «Finalement, je préfère ceux qui font les cigares à ceux qui les fument.»

Dans les armoires. On raconte ça pour le plaisir et aussi parce qu'être femme de torero est une tâche compliquée. On s'en rend compte en lisant le livre que Maria Angeles Grajal vient de consacrer aux épouses des matadors (1). Une situation qu'elle connaît. Maria Angeles, médecin pneumologue, est l'épouse du