La Feria de Nîmes, cinquante ans cette année, est née à Toulouse. En 1951, les Sociétés taurines y tiennent leur 36e congrès. La loi Ramorany-Sourlet vient de légaliser la corrida en France. Comme il faut fêter ça, les clubs taurins nîmois présents à Toulouse décident d'organiser une feria. Deux corridas d'affilée les dimanche et lundi de Pentecôte, plus quelques festivités pour faire la sauce.
Deux ans plus tard, la municipalité prend en charge cette feria balbutiante dont on annonce le décès à la fin de chaque édition. Pas assez de succès ? Non, au contraire, trop de succès. Il menace son bon déroulement et, accuse beaucoup, «la santé morale de la ville». Le Dr Claude Baillet, qui présidait la commission des festivités, aimait dans ses discours d'inauguration citer Garcia Lorca : «Les jours laissent leur peau/Comme des couleuvres/Sauf les jours de fêtes.» Il avait aussi lancé aux Nîmois un fameux slogan boomerang : «La rue est à vous.» Dans Nîmes en fête, quelque chose qui est de l'ordre de la transgression pour les uns, de la délinquance pour les autres, et d'un trop plein pour certains prend en effet la rue. Pour la Feria 1963, des «vandales» se sont attaqués à cinquante-cinq panneaux de signalisation. Pour que les choses soient franchement symptomatiques, il s'agissait en majorité de panneaux de sens interdit.
Robes et peaux brûlées. Les bilans des premières ferias, et aussi la presse locale, s'ils soulignent les succès de la fête officielle, celle des défilés folklorique