Nîmes envoyé spécial
Où sont passés les Miuras, champions des coups fourrés, grands trafiquants d'entourloupes et qui ficelaient leur sournoise dialectique entre la flexibilité de leurs corps et l'inflexibilité de leur caractère ? Mercredi à Nîmes, à l'exception de Gemelo qui vient à petit pas et se retourne vite, et de Sacristán, qui cherche à égorger son torero, ils sont bravos, nobles, carrés, un peu faiblards. Pour boiterie, l'imposant Berberisco sera remplacé par un toro de Gimenez Indarte, plus Miura selon la tradition que ses confrères. Il est vicelard, violent et équivoque. Il n'assaille pas de front, il chasse. Sinon, les Miuras poussent bravement dans la pique, tête basse et sans remuer ciel et terre, puis ils chargent avec rectitude dans les muletas, sans cette pression dictatoriale qui a fait vieillir avant l'âge les toreros spécialisés dans leur combat. Par ironie du tirage au sort, Davila-Miura, neveu des éleveurs, tombe sur les deux seuls Miuras problématiques : Gemelo et Sacristán. Devant Sacristán, qui veut à tout prix lui arracher les amygdales, Davila-Miura déballe la solidité de son mental et de son pundonor, son amour propre. Il se bat pied à pied et réussit même à tirer quelques passes de la gauche qui en disent long sur sa vertu torera, sur sa forme actuelle et sur son sens de l'honneur familial.
Entre quatre yeux. A la cape et à la muleta, Denis Loré torée bien, avec cette plénitude qui est désormais sa marque, le franc mais faible Andarín qui ne tient