Gwangju envoyé spécial
Ils ont déposé leurs gerbes près des bouquets de fleurs artificielles qui, été comme hiver, ornent la centaine de stèles de l'imposant mémorial de Gwangju. Professeurs en costume sombre ou tailleur strict, étudiants à la mise soignée, écoliers en uniforme. Chaque 18 mai, la ville jadis «honnie et rebelle» de la Corée du Sud des dictateurs revit le temps d'une commémoration la douleur de ce sinistre printemps 1980, et l'écrasement dans le sang de son insurrection démocratique par les parachutistes. «Ceux qui ne connaissent pas l'histoire de la ville seront peut-être surpris de nous voir évoquer nos blessures alors que la Coupe du monde est censée être une fête», s'excuse Lee Jai-hui, l'un des ex-meneurs du soulèvement, aujourd'hui responsable d'un centre d'accueil pour hommes d'affaires étrangers. Gwangju, version 2002, a construit son stade de foot flambant neuf loin du mémorial et du silence de la forêt qui l'entoure. La pelouse recouverte de deux voûtes en demi-lune jouxte une avenue embouteillée, face à des barres d'immeubles. Mais l'âme meurtrie du Cholla-do, la province dont cette ville de 1,5 million d'habitants fut longtemps le chef-lieu, n'a que faire de cette nouvelle géographie urbaine. Ville martyre, Gwangju a toujours mal à sa mémoire.
Anciens parias. Pas étonnant, dès lors, que le football y soit vécu comme une reconnaissance. «Regardez ces banderoles installées pour le Mondial, analyse un journaliste du quotidien local. Elles disent "Gwangj