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Busan, un port qui se rêve en plage

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Ex-comptoir japonais, ancien mouroir, la deuxième ville coréenne tente de promouvoir le tourisme en tournant le dos à son histoire.
publié le 22 mai 2002 à 23h33

Busan envoyé spécial

Juste au-dessous d'un poster de Manille, Marites a épinglé les photos de ses joueurs préférés. Zidane, Beckham, Ronaldo, le Japonais Nakata et le Sud-Coréen Hong Myung-bo côtoient sur les murs du Manila Karaoke les cartes de visite des habitués du lieu. A Texas Street, la rue «chaude» du Busan des marins, des GI et des Russes en goguette, Marites et ses filles se préparent aux matchs du Mondial comme si un contingent de matelots s'apprêtait à débarquer. «Dites bien que les supporters seront accueillis ici à bras ouverts. Ils ne manqueront de rien. Ni de boisson ni d'affection», sourit l'entraîneuse philippine. A côté, assises sur les banquettes éclairées par de petits spots rouges, une poignée d'hôtesses battent la mesure du pied en susurrant des mots doux à leurs clients d'un soir. Coeur du vieux Busan portuaire et décadent, Texas Street entend bien, les soirs de matchs, damer le pion au quartier chic de la plage de Haeundae, havre des hôtels de luxe : «L'âme de cette ville est ici. Pas dans le Busan des yuppies», fanfaronne Kwang, le gérant coréen de ce cabaret philippin perché au détour d'un étage, entre une épicerie et un salon de massage.

Texas Street et ses bars glauques n'ont pas les honneurs des brochures du Kowoc, le comité d'organisation sud-coréen de la Coupe du monde. Plutôt que d'évoquer cette artère aux trottoirs mi-rénovés, mi-défoncés devenue depuis la fin des années 80 le quartier général des commerçants et des trafiquants russes en tout g