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Les revers de fortune de Yokohama

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Ce port cosmopolite est devenu une banale banlieue de Tokyo.
publié le 23 mai 2002 à 23h34

Tokyo de notre correspondant

La lumière de l'après-midi ricoche sur les tatamis. Discrète, l'archiviste a posé le thé vert près des deux grands volumes usés du Journal officiel de 1871, extirpés de la bibliothèque avec mille précautions. En plein coeur de Yokohama, où la finale du Mondial aura lieu le 30 juin, le musée Osaragi confirme la réputation de cette ville censée être l'une des plus internationales de l'archipel. Sur deux étages, le spectacle étonnant d'une multitude de documents, d'affiches, de livres ou d'objets sur la Commune de Paris, le boulangisme ou l'affaire Dreyfus, autrefois rassemblés par le journaliste-écrivain Jiro Osaragi (décédé en 1973), rappelle la fibre moderniste et cosmopolite de cet ancien marécage concédé en 1858 aux étrangers par le shogunat (1), contraint par la force d'ouvrir ses frontières.

Cité dortoir. Mais le ton change sitôt que la conversation s'engage : «Yokohama se vide de sa substance, déplore Yukinori Yatsumashi, le conservateur du musée. Cette ville qui fut longtemps la vitrine du Japon sur le monde devient une banlieue comme une autre. L'explosion urbaine et industrielle de Tokyo l'a transformée en cité dortoir.» Une théorie, ajoute-t-il, «confortée par le résultat des dernières élections municipales». Le maire sortant, favori de la vieille ville, n'a-t-il pas été battu par le vote des districts adossés à la capitale, acquis à son adversaire ?

Yokohama est assuré de récolter les lauriers de la Coupe du monde. Tokyo, dont les Jeux oly