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Libération

De la peur des hooligans à la peur du dérapage

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La surenchère sécuritaire et le peu d'expérience des policiers inquiètent.
publié le 25 mai 2002 à 23h35

Journée ordinaire au Dôme de Sapporo, théâtre d'une énième répétition entre policiers antiémeutes et faux hooligans. «Leurs répétitions à n'en plus finir font rire, mais elles trahissent deux choses assez contradictoires: une préparation très professionnelle et une peur panique de ce genre d'incident», juge un policier européen basé à Tokyo.

Contradictoires parce que, justement, la lutte efficace contre le hooliganisme est faite d'imprévus, de décisions prises in extremis, de savantes (mais cruciales) nuances entre supporters et voyous, entre mouvement de foule et bataille rangée : «Personne n'ose le dire, mais on a tous la trouille du dérapage», concède à Séoul un diplomate français. «Imaginez qu'une bande de supporters éméchés, mais pas dangereux, crient un peu trop fort et que les policiers antiémeutes leur tombent dessus.»

Paranoïa. Un risque tout aussi grand au Japon. Lors d'un match amical joué par l'Italie à Saitama, dans la banlieue de Tokyo, les spectateurs ont mis trois heures à s'écouler vers le métro voisin : «Nos policiers savent que les étrangers s'énervent plus vite que nos compatriotes», rassure avec le sourire Yasuhiko Nishimura, le directeur japonais de la sécurité.

La donne sécuritaire de ce Mondial 2002 est bien sûr compliquée par la menace terroriste. Le Japon comme la Corée du Sud interdiront ainsi le survol des stades durant les matchs.

Mais pas mal d'observateurs s'élèvent déjà contre la «paranoïa» anti-hooligans. Le chiffre de 450 000 visiteurs étrangers