Istanbul envoyé spécial
Le local des UltrAslan (les UltraLions), un des principaux clubs de supporters de foot en Turquie, est un deux pièces au cinquième étage d'un immeuble des années 60 au nord d'Istanbul. Bien loin des embouteillages et de l'agitation commerçante de la vieille ville aimée par Pierre Loti et des générations de voyageurs au long cours. Il y a un ascenseur mais les résidents s'en méfient farouchement. «En Turquie, avec les ascenseurs, il ne faut jamais tenter le diable...», prévient Kayhan Sardan, un des dirigeants des UltrAslan. Grand et aimable, ce chef d'entreprise de 30 ans possède une imprimerie, porte des jeans XL bien coupés, conduit une voiture profilée en forme d'oeuf et passe sans y réfléchir du français à l'anglais. Kayhan a vécu en Californie, où il a achevé un master, après avoir étudié Molière et consorts au lycée français d'Istanbul, le lycée de Galatasaray qui a fourni des générations de bureaucrates à l'empire ottoman puis à la république. Comme quelques milliers de fans actifs, et des millions de sympathisants en Turquie et dans la diaspora, il soutient le club de foot du même nom, fondé dans une salle du prestigieux établissement en 1905. Jusque-là, rien que de très normal pour un garçon appartenant au cercle déclinant des 250 000 francophones d'Istanbul, membre d'une classe «moyenne-supérieure» pas totalement lessivée par la terrible crise des dernières années.
L'adhésion aux UltrAslan de Kayhan Sardan confirme a priori la différence génér