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Le grand bond dans l'argent

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Professionnel depuis 1994 seulement, le football chinois rattrape son retard. Mais est déjà éclaboussé par les scandales.
publié le 8 juin 2002 à 23h52

Dalian envoyé spécial

Mégaphone à la main, le président du club des supporters de Dalian Shide donne les dernières consignes avant le match : «N'insultez pas l'arbitre, sinon je serai obligé d'être méchant avec vous. Mettez tous vos tee-shirts bleus, ça sera plus beau, et n'oubliez pas d'arrêter de crier quand c'est l'autre côté qui nous attaque.» La fête peut commencer : affublé d'un chapeau de cow-boy et d'une veste traditionnelle chinoise, ce chef d'un minuscule dépôt de journaux se déhanche et s'époumone durant quatre-vingt-dix minutes devant la fanfare, et donne le ton aux supporters. Ses efforts seront récompensés : Dalian Shide écrasera ce jour-là son modeste adversaire.

Il est plus facile d'être un fan à Dalian qu'ailleurs : «Dalian, c'est la capitale du football chinois», s'exclame Yu Fatang, un des piliers du groupe de supporters. Le club de ce grand port du nord-est de la Chine, où le football a été introduit par des marins étrangers au début du XXe siècle, a été six fois champion de Chine au cours des huit dernières années et fournit près de la moitié des joueurs de l'équipe nationale. C'est aussi l'un des clubs les plus professionnels et les plus riches, grâce à son propriétaire, le fabricant d'armatures de fenêtres Shide. La réussite de Dalian illustre la longue marche accomplie par le foot chinois, mais aussi tout le chemin qui reste à faire pour accéder véritablement à la cour des grands. C'est en 1994 seulement qu'a été créé un championnat professionnel en Chi