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Libération

Marée bleue dans la baie de Tokyo

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par Jean-Philippe TOUSSAINT
publié le 10 juin 2002 à 23h53

Je suis arrivé au Japon quelques heures avant le coup d'envoi de la Coupe du monde de football. Tokyo n'avait pas tellement changé depuis ma dernière visite, la dixième en moins de dix ans, je commence à bien connaître le chemin en sortant de l'aéroport, le train pour Kyoto quand j'arrive par Osaka, les grands autocars orange de l'Airport Limousine quand j'atterris à Tokyo, j'ai simplement remarqué, cette fois-ci, par le hublot du 747 qui venait d'atterrir et roulait au pas sur la piste de Narita, une grande inscription qui avait été tracée sur le sol en lettres de gazon et de fleurs multicolores : 2002 FIFA WORLD CUP. Déjà, comme prémices minuscules à l'événement sportif encore très virtuel et invisible auquel j'allais assister (The greatest soccer show on Earth, comme l'écrivait virilement, mais non fautivement, le Japan Times), j'avais remarqué, dès Roissy, la présence, inhabituelle pour un Paris-Tokyo, de quelques Irlandais dans l'avion, avec une écharpe discrète qui dépassait sous leur veste, ou un grand maillot vert pelouse, gazon Stade de France ou vert Yokohama, qui se rendaient sans doute à Niigata, via Tokyo, pour l'Irlande-Cameroun du 1er juin. Ce seraient donc eux mes premiers supporters. Il y a quatre ans, à Paris, ce fut des Ecossais, beaucoup plus gratinés dans leur kilt de laine, leurs épaules carrées et leurs maillots bleu roi, serrés autour de moi comme des saumons et chantant à tue-tête dans la rame de métro bondée qui nous menait au Stade de France pour l