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Libération

Au pays du je-m'en-footisme

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publié le 11 juin 2002 à 23h54

Melbourne de notre correspondant

Les Français de Melbourne suivent les Bleus sur un écran géant, au bar du club de boules anglaises et de pétanque de Middle Park. Les Italiens se retrouvent au Bar centrale, à Carlton. Les Espagnols au Club español, les Anglais à la Charles Dickens Tavern, les Irlandais chez Bridie O'Reilly's, les Croates au Melbourne Knights Soccer Club.

Comme tous les quatre ans, chaque «communauté ethnique» de l'Australie se retrouve entre elle pour suivre, de loin, ses champions. Comme tous les quatre ans, le reste de l'Australie se demande si le pays n'est pas en train de passer à côté d'un événement très cool.

On connaît le contexte : le foot, aux antipodes, est un sport marginal, avec une très mauvaise image. Là-bas, ce qu'on appelle le football, c'est le footy ( une sorte de rugby joué sur un stade ovale), le League (jeu à XIII) ou le rugby. Notre foot à nous, c'est le soccer, réputé comme étant «le sport des pédés, des gonzesses et des bougnoules», regrette Johnny Warren, capitaine de la seule équipe australienne qualifiée pour les phases finales du Mondial, en 1974, aujourd'hui commentateur sur la chaîne publique SBS. Tous les quatre ans, les Socceroos se font sortir par des joueurs aux noms imprononçables, venus d'Uruguay, d'Iran...

D'ordinaire, à cause du décalage horaire, les matchs sont diffusés au milieu de la nuit. L'Australie veille pour le cricket, le tennis ; pas pour le foot. Mais, cette année, miracle, pour la première fois, les horaires sont