Bangkok de notre correspondant
Attablés devant un Coca ou un banana pie, une trentaine de clients suit avidement le match Russie-Tunisie sur la télévision d'un McDonald's du centre de Bangkok. Au-dessus du poste, un petit écriteau lance une mise en garde : «Les paris sont illégaux.» Rien ne laisse supposer que les fans qui acclament les montées en ligne des deux équipes contreviennent à la consigne. Mais, sur une table à l'écart, suivant d'un oeil distrait les évolutions sur le petit écran, un adolescent bouffi en uniforme d'étudiant passe des coups de fil à la chaîne sur son portable et griffonne sur une serviette de papier. Somkid, 24 ans, employé dans l'un des plus gros conglomérats thaïlandais, arrondit ses fins de mois en servant d'agent à un bookmaker pendant la durée du Mondial. Il prend les paris de sa quinzaine de clients pour le match suivant. «Je n'ai plus de temps pour moi. Lire les prévisions des journaux, se renseigner sur les perspectives, informer les clients c'est épuisant», se plaint le jeune homme.
Les Thaïlandais sont joueurs dans l'âme. Tout est prétexte à paris : combats de coq, loteries clandestines ou luttes à mort entre poissons siamois. Mais avec la succession rapide des matchs de la Coupe du monde, cette manie nationale a tourné à l'hystérie. Les banques estiment à plus de 110 millions d'euros la somme totale qui va être consumée en paris pendant les quatre semaines du tournoi. Avec son air timide et un peu gauche, Max, réceptionniste dans un hôtel,