Chota envoyé spécial
Sur les terres noires de la vallée du Chota, les «more-nos» ont leur école.
Il fallait se rendre au «punte del Juncal», dans la vallée du Chota. Le conseil émanait d'un professionnel averti, Patricio Torres, gros et grand gaillard à moustaches, manager du principal club de Quito, la Liga deportivo universitaria (LDU) : «Quand vous y serez, regardez en bas, une bonne partie du football équatorien actuel vient de là.» Découvrir sous un pont le fond d'une équipe habituée à jouer sur les sommets (andins), est une équation alléchante. Et une balade de 100 kilomètres au nord-est de Quito, via la Panamericana, axe majeur du pays aux allures de départementale mal entretenue. Ibarra, la porte du Chota, est une capitale régionale endormie, dominée au loin par un volcan éteint. Les rares touristes y visitent les belles demeures des conquistadors espagnols et les autochtones, plus fréquemment, el estadio olimpico qui n'a d'olympique que le nom mais sert de base du club Espoli, avant-dernier de la première division équatorienne. Fondé en 1994, l'Espoli n'est pas un club de football comme les autres : il appartient à la police nationale, pas plus aimée ici que dans le reste de l'Amérique du Sud. «On a voulu améliorer nos rapports avec la société civile», explique sans malice son président, le colonel Marcelo Tamayo. Noble cause qui avait déjà inspiré les forces armées, propriétaires depuis 1964 du Nacional comme par ailleurs d'une compagnie d'aviation, de banques et de