Le doublé signé par Ferrari à l'arrivée du Grand Prix d'Europe ne pouvait pas mieux tomber. Surtout avec Rubens Barrichello dans le rôle du vainqueur et Michael Schumacher, deuxième. A trois jours du conseil mondial de la Fédération Internationale de l'automobile (FIA), qui doit statuer sur le sort de l'écurie à la suite du tollé qu'elle avait provoqué au Grand Prix d'Autriche en exigeant de son pilote brésilien qu'il s'efface sur la ligne d'arrivée au profit du champion allemand, la Scuderia s'est bien gardée de jouer avec le feu.
Gouffre. Après avoir atomisé la maigre concurrence, les Ferrari se sont livrés, hier, un beau duel pendant les vingt derniers tours. Et cette fois, Jean Todt, le patron de l'écurie, et Ross Brawn, le directeur sportif, n'ont pas osé intervenir pour permettre à Michael Schumacher de l'emporter et ainsi creuser un peu plus le gouffre avec ses poursuivants. Après avoir fêté ses deux pilotes au pied du podium, Jean Todt s'est expliqué : «En Autriche, il ne s'agissait que de la sixième course de la saison. Ici, c'était la neuvième et notre situation au championnat n'était pas tout à fait la même.» En clair, la domination de Ferrari est telle que Michael Schumacher est pratiquement assuré d'enlever son cinquième titre de champion du monde des pilotes. Et, même s'il est rétrogradé mercredi par la FIA, son avance restera considérable.
Dans ces conditions, Jean Todt pouvait laisser ses pilotes offrir aux 130 000 spectateurs allemands une vraie course de F1.