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Libération
Interview

«Les Coréens avaient besoin de gaieté»

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publié le 25 juin 2002 à 0h04

Séoul envoyé spécial

Le Pr Yoo Jung-hwan enseigne les sciences politiques à l'université de Chong Ju. Il revient sur l'extraordinaire ferveur populaire qui entoure les succès de l'équipe coréenne et sur ses éventuelles conséquences pour un pays où plus de 10 % de la population était dans la rue, samedi, pour fêter la victoire contre l'Espagne. Un chiffre qui pourra augmenter en cas de succès contre l'Allemagne, lors du premier match que les Coréens jouent à Séoul.

Quel était le dernier mouvement de masse comparable à ce que la Corée connaît actuellement ?

Les manifestations de juin 1987 pour la démocratie et l'élection du président au suffrage universel direct. Cela se passait sur la place de l'Hôtel-de-Ville de Séoul (qui a accueilli samedi 850 000 personnes pour la retransmission de Corée-Espagne sur écran géant), mais il n'y avait pas autant de monde, quelques centaines de milliers de personnes. Ce que l'on voit actuellement, c'est un phénomène nouveau, exceptionnel. Les Coréens sont des gens sentimentaux, ils n'avaient pas eu l'occasion de s'exprimer comme ça depuis un moment. L'euphorie née du sommet des deux Corées, il y a deux ans, est retombée, le processus de réunification est en panne, le dialogue avec le Nord est bloqué. La politique a une image très mauvaise. Le président Kim Dae-jung connaît un échec politique et personnel. Il a déçu énormément : il a été leader de l'opposition contre la dictature. Beaucoup de gens l'ont soutenu, notamment les jeunes et les personn