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Séville, la rivalité dans les veines

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Une ville, deux clubs : la cité est divisée entre les fans du Betis et ceux du Sevilla FC.
publié le 25 juin 2002 à 0h04

Séville envoyé spécial

Jouxtant le stade, la rue Tajo est prise d'assaut par plusieurs centaines de jeunes supporters déchaînés, tous vêtus du maillot du Betis, vert et blanc. Alors que le déjà chaud soleil du printemps sévillan darde ses derniers rayons, ils hurlent des chants belliqueux contre les sevillistas, ceux de Sevilla, le club rival. La plupart sont ivres de bière et de calimotxo (vin-coca), biberonnés depuis la matinée ; beaucoup se sont peint le visage en vert et blanc, d'autres ont préféré des tatouages sur le torse. Lorsque des policiers à cheval apparaissent, les béticos font exploser leur colère, et les coups de matraque répondent aux jets de bouteille. Des vitres de voiture volent en éclats, des conteneurs sont éventrés, une demi-douzaine d'aficionados ont le visage en sang. Ce 23 mars au soir, à l'occasion du grand derby andalou, les nerfs sont à vif, et la ville suspendue à l'événement. Comme à l'accoutumée, la rencontre a été déclarée «à haut risque». 415 policiers armés jusqu'aux dents sont à l'affût du moindre dérapage.

«Coeur à l'ouvrage». Cette ambiance guerrière contraste avec le coquet voisinage du quartier d'Heliopolis et ses blanches demeures des années 20, noyées entre les palmiers. A l'arrivée des joueurs béticos, jeunes et vieux entonnent, solennels : «Je veux te donner/ du coeur à l'ouvrage/ Du sentiment vert-blanc/ Vert-blanc de passion.» A l'approche du bus de l'équipe adverse, le ton change : «Avec les doigts de la main/ Avec les doigts de pi