Tokyo envoyé spécial
Cette Coupe du monde, qui aura permis aux Japonais de croiser le regard de beaucoup d'étrangers, aura également surpris les quelques expatriés ayant élu domicile dans la capitale nippone depuis des années et peu habitués eux aussi à croiser des Européens à tous les coins de rue. Ce conte de Noël en plein été est arrivé à Bruno Williams, un spécialiste Internet, alors qu'il retournait tranquillement vers sa bicyclette à proximité de la gare de Shibuya.
Valise. A 3 heures du matin, il passe dans ce quartier commerçant qui fourmille tant dans la journée et qui, la nuit, savoure quelques heures de répit. Sur la place, à côté de la statue d'Achiko, ce chien qui, même après la mort de son maître, revenait tous les jours seul au métro, une silhouette traîne une valise au beau milieu de la chaussée. Le jeune homme est noir et porte un tee-shirt où on peut lire en gros caractères : «Sénégal champion». Dès qu'il aperçoit Bruno, il voit qu'il ne s'agit pas d'un Japonais et s'élance vers lui. Son «excusez-moi !» crié à la volée fait instantanément s'arrêter Bruno. Le gars lui sourit et l'interroge : «Tu sais quand ils rallument les télés ?» A Shibuya, trois écrans géants crachent des images de pub et des clips toute la journée dans un vacarme assourdissant. Bruno éclate franchement de rire lorsque le jeune supporter lui demande ensuite dans quelle ville il se trouve. A Tokyo, quatorze millions d'habitants. Difficile de passer à côté.
Plus valable. Le jeune Sénégalais s