Séoul envoyé spécial
Il est deux heures du matin et Séoul n'a pas trop la gueule de bois. Sitôt fini le match durant lequel ils n'ont cessé de hurler «Pilsun Korea» (Victoire pour la Corée), Choi Chae-hwung, Lee Kyung-mi et leurs copains ont déserté les tribunes du stade pour rejoindre la place de la mairie et les 500 000 spectateurs massés là. Et retrouver Megumi, Ichiro et tout un groupe de supporteurs nippons rencontrés le matin même. La Corée du Sud n'ira pas en finale, mais la défaite avait le goût de la victoire : «Nous avons perdu sur le terrain, mais gagné le coeur de l'Asie», fanfaronne Choi Chae-hwung, informaticien à Songnam, une ville de banlieue.
Alors que les électriciens s'affairent à démonter l'écran géant devant la mairie, les restaurants ambulants sont pleins à craquer et la bière coule à flots. Des banderoles proclament, en coréen et en japonais : «Amis pour toujours.» La marée des tee-shirts et des maillots rouges s'écoule dans les rues où les hôtesses de bars ont revêtu la tenue footballistique de rigueur par-dessus leur minijupe.
Aux abords du stade, les avenues sont redevenues désertes. Dans les commerces encore ouverts, des groupes de supporteurs épars noient leur déception dans le soju, le tord-boyaux local, en chantant les refrains du Mondial : «On est pas tristes, juste désolés», explique, tout sourires et bien imbibé, Shim Jae-kung, 26 ans, enseignante. «De toute manière, on remet ça samedi, pour le match de la troisième place.» Juste à côté, un grou