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Libération

L'Etat turc veut jouer les prolongations

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Il exploite la réussite à des fins de cohésion nationale.
publié le 27 juin 2002 à 0h06

Istanbul de notre correspondant

La Turquie est restée calme hier, alors que tout était préparé pour célébrer la victoire. Depuis le succès contre le Sénégal, les médias alimentent un délire national, et l'opinion était mise en condition pour une victoire contre le Brésil. Raté. Dans la rue, où certains refont le match, personne ne sourit. «C'est normal, ils ont mieux joué que nous», reconnaît un ancien footballeur. «On devait gagner», réplique une femme en maillot rouge et blanc. «C'est déjà pas mal. On sera peut-être la troisième équipe du monde», ajoute une autre. La déception est claire. Tout le monde savait que l'équipe brésilienne était a priori meilleure, mais la quasi-totalité des Turcs croyait pourtant à la victoire de «la faim pour le succès».

Critiques. L'équipe turque, qui participe à son second Mondial ­ le premier depuis quarante-huit ans ­, n'a pas toujours été prophète en son pays. Au début, les journaux turcs ont beaucoup glosé sur les clans qui imposaient leur loi à l'intérieur de la sélection. Les joueurs seraient divisés en deux équipes, les uns membres d'une secte religieuse et les autres. Le président de la fédération, Haluk Ulusoy, le sélectionneur, Senol Gunes, et son assistant, Ünal Karaman, sont connus pour leurs prises de position politiques proches de l'extrême droite. Mais les médias turcs ont essentiellement critiqué la direction technique de l'équipe, qualifiée de «sans expérience, sans courage», voire d'«incapable», jusqu'à la victoire sur le Jap