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Libération
Critique

La plus chic et discrète des bodegas

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Tauromachie Livre/Où l'on croise Michel Leiris, André Castel, Picasso, Cocteau...
publié le 28 juin 2002 à 0h07
(mis à jour le 28 juin 2002 à 0h07)

Tout le monde garde en mémoire l'image de Picasso trônant à la barrera des arènes de Nîmes ou d'Arles. Ces clichés tauromachiquement célèbres cachent une histoire dont la densité passe l'anecdote et qui constitue sans doute l'un des sommets de la rencontre (souvent fertile) entre l'intelligence, la sensibilité et la corrida. Annie Maïllis, doctorée en littérature et en tauromachie, a aussi des talents de détective sans lesquels cet épisode singulier serait resté dans l'obscurité où il baignait depuis plus d'un demi-siècle. Le livre qu'elle en a tiré, savant et vif, magnifiquement et pertinemment illustré, a désormais sa place marquée dans toute bibliothèque taurine (1).

C'est d'ailleurs ainsi, entre livres et cornes, que tout a commencé, bien avant les excursions languedociennes de Picasso. En 1938, Michel Leiris, encore au seuil de sa carrière littéraire, s'apprête à publier son premier recueil de poèmes, intitulé Tauromachies (Leiris n'a alors publié que L'Afrique fantôme). Souhaitant accompagner d'explications techniques les moments de la lidia qu'il a saisis poétiquement, il demande conseil à Jean Paulhan. Le directeur de la NRF est aussi un Nîmois amateur de jeux taurins. Il met Leiris en relation avec l'un de ses amis et compatriote, André Castel. Cet oenologue de profession (il dirige le laboratoire officiel de Nîmes), aficionado et bibliophile de vocation, est tout sauf un personnage public ­ même sa longue activité de revistero s'est déroulée sous pseudonyme, Don Val