Le premier article taurin de Francis Marmande dans le Monde : «Une note» sur la mort de Paquirri en septembre 1984. Mort qu'il a appris par un coup de téléphone de sa mère. Personnellement, et si vous le permettez, j'ai appris la mort de Paquirri près d'un laurier-rose où quelqu'un m'a crié : «Hier, Paquirri s'est fait tuer par un toro à Pozoblanco.» Fin août 1947, Louis le viticulteur a eu connaissance de la mort de Manolete dans ses vignes près de Montpellier ; l'ouvrier agricole espagnol qui était avec lui s'est arrêté raide, muet pendant un quart d'heure entre les souches. On sait comment Belmonte a su la mort de Joselito : chez lui entre deux parties de cartes, alors qu'il s'amusait à souffler une boulette de papier à travers une sarbacane. Puis il s'est écroulé en larmes.
Réorchestration. Marmande écrit : «La corrida est une façon différente d'être malheureux.» Malheureux et stupéfait. Avec elle, on peut être malheureux et stupéfait près d'un téléphone, d'un laurier-rose, d'une allée de Carignan, de jetons de poker. A partir du lapin est un journal sur la corrida définie comme «rhétorique stricte de musiques sous-entendues». Marmande reprend des articles publiés dans le Monde entre 1989 et 2001, et il n'est pas indifférent qu'il commence par cette allusion à la mort de Paquirri et à sa «note», mot qui engage la chronique taurine du côté de la musique, y compris celle du glas. La chronique taurine est en effet une réorchestration de thèmes obligés que chacun interprète à