Château-Thierry
envoyée spéciale
On connaissait l'angoisse du gardien de but face au penalty. Beaucoup plus méconnue est celle qui étreint le suiveur à plume au matin de chaque étape. Elle s'exprime à fond dans les allées du village-départ où se retrouve, deux heures avant la course, toute la caravane autour du discours du maire et d'un buffet qui fleure bon les spécialités locales.
Quand l'épreuve s'élance tardivement, comme c'était le cas d'Epernay, hier, pour le contre-la-montre par équipes, le journaliste se gratte la tête dès potron-minet. Et s'interroge de plus belle à midi : «Tu fais quoi aujourd'hui ?» La question tient lieu de bonjour confraternel. «Je ne sais pas encore» est, généralement, la façon courtoise de répondre au salut amical. C'est que les journaux se fabriquent la veille, et que la conférence du matin s'impatiente pour avoir son menu. Certains sont toutefois sereins. Ceux qui traditionnellement décrivent la course du jour ou s'adjugent le portrait du joli vainqueur. Le lignage, immuable, est connu à l'avance. Sauf quand un Tessinois, à la surprise générale, met la Suisse en jaune. Alors les gazettes de la Confédération ajoutent une belle double page pour l'occasion. Et la soupe est froide quand le point final est mis.
Décalé. Mais il existe une facette du métier plus obscure, quoiqu'en pleine expansion sur le Tour de France, celle du sujet décalé, de l'encadré, dit parfois «éclairage». Il s'agit tous les jours d'accompagner le compte rendu cycliste par des