La Plagne envoyée spéciale
Il y a quelque chose de très binaire sur le Tour de France. Tout y marche par deux. Bartali-Coppi, Poulidor-Anquetil, Hinault-Fignon : est-ce la prégnance du souvenir des duels anciens livrés à coups de braquet ? Toujours est-il que la majorité des suiveurs roule en paires. On parlera peu ici de ceux qui sont unis à la ville. Le coureur du Crédit agricole Christophe Moreau, c'est de notoriété publique, aurait arrêté de courir partout comme un chien fou pour tomber raide amoureux d'Emilie. La jeune hôtesse du Crédit Lyonnais embrasse tous les vainqueurs sur le podium à l'arrivée, et son Christophe seulement le matin avant le départ. Ils s'aiment tellement que Moreau, qui a abandonné avant-hier après avoir embrassé une fois de trop le bitume, reste avec son Emilie jusqu'à Paris.
On passera sous silence aussi ce couple de journalistes mexicains, elle, photographe à la Aficion, un quotidien sportif, lui, rédacteur, mariés depuis trente-deux ans et 14 tours au compteur. Ils seront arrière-grands-parents en novembre. Le couple est tellement fusionnel qu'ils ont adopté la même couleur auburn de cheveux et les mêmes déguisements publicitaires. Leur intimité est au demeurant respectée sur le Tour car personne ne leur adresse la parole.
Mauvaises habitudes. Non, ce qui est le plus frappant ici, ce sont ces couples unis pour un Tour, voire plusieurs si affinités. Ils forment des tandems que la promiscuité sur trois semaines met parfois à rude épreuve. Car la pai