Manuela Montebrun, 22 ans, lanceuse de marteau au regard d'ange, se donne le tournis pour mieux crever les cieux. «Quand j'exécute mes rotations, j'ai le regard rivé sur le marteau, autour tout devient flou, comme si j'étais dans l'oeil d'un cyclone.» Recordwoman de France (72, 54 m), d'une discipline, aussi peu féminine que reconnue, la lanceuse de Laval s'en moque. Elle affirme préférer les sports de «mecs». A 14 ans, elle foule les pelouses, balle au pied, avant de les pilonner de ses marteaux, «Je jouais au foot, en club, avec des garçons, j'ai dû arrêter car, à partir d'un certain âge, la mixité est interdite.»
Puissance. Ce qui l'intéresse dans le sport, c'est la compétition, son gabarit la destinait à des sports de puissance, elle troque le ballon rond contre le marteau. Ensuite tout va très vite, Yves Mathieu, le coach d'athlétisme du club de Laval, la repère lors des championnats de France UNSS (sport scolaire), où Manuela vient de remporter le titre en cadet.
En 1997, le marteau s'inscrit au programme des disciplines féminines, pour la lanceuse, les choses deviennent plus sérieuses, elle quitte le cocon familial pour l'internat de l'Institut national du sport et d'éducation physique (l'Insep) près de Paris. «Les premiers mois, je ne parlais à personne, je n'avais qu'une hâte, rentrer chez moi.» Traînant son boulet entre Vincennes et Laval, elle continue à s'entraîner les week-ends, dans son club.
Bénéfice. Cette période qu'elle décrit comme difficile sur le plan perso