Munich envoyé spécial
Mehdi Baala a failli partager son premier titre de champion d'Europe du 1 500 m avec Reyes Estevez, un Espagnol au physique de condottiere dégarni. Le suspense a duré quelques minutes, le temps d'un tour de piste des deux hommes ceints de leur drapeau national. Puis Mehdi a embrassé le tartan, et des brefs sifflets, ibériques, ont retenti dans les tribunes enfin pleines de l'Olympiastadion.
Piège. La différence entre les deux hommes est de deux millièmes de seconde. C'est peu «mais c'est le titre», a noté, pragmatique, le champion surtout à l'issue d'une course particulièrement lente, remportée par le Français en 3' 45" 25, bien loin de la meilleure performance de l'année, les 3' 30"07 du Portugais Ruis Silva, troisième hier. Baala souhaitait la pluie. Il a eu le premier ciel bleu depuis le début des championnats. Il craignait Ruis Silva, mais s'est retrouvé enfermé dans une marmite espagnole, marqué à la culotte par le Portugais, confronté à une bousculade après 200 m. Lui, réputé pour son intelligence tactique, a eu le plus grand mal à s'extraire du piège pour remonter sur Estevez et le battre d'un cil qui vaut de l'or. A 23 ans, Mehdi Baala croit au destin et, après quelques déconvenues, il semble enfin avoir raison.
En 1996, lors des championnats du monde juniors à Sydney, une mauvaise grippe dite australienne lui ôte toute chance de figurer honorablement dans son 1 500 m. «Dans quatre ans, je serai là et pas malade cette fois», annonce-t-il à son