Cherbourg envoyé spécial
A peine une heure après Yann Eliès, le vainqueur de la dernière étape de la Solitaire du Figaro, le monotype numéro 18 pointe son étrave sur la ligne d'arrivée, dans la rade de Cherbourg. A son bord, c'est Jeanne Grégoire, une bizuth. «Je ne voulais pas faire de la figuration même si j'étais la seule fille.» L'objectif est atteint et même dépassé. Jeanne, bientôt 26 ans, se classe vingt-cinquième pour sa première participation. Elle termine également deuxième débutante, derrière Gwénaël Riou, un de ses copains de Port-La-Forêt (Finistère). Car depuis un an, elle s'y entraîne aux côtés de Jean Le Cam et Michel Desjoyeaux.
Pourtant, c'est par hasard qu'elle découvre la voile à dix-huit ans. «Une copine m'avait invité à prendre l'air dans le sud. Je pensais faire du cheval mais on a fait du bateau.» La passion l'anime aussitôt, «même si au bout de quinze jours, elle ne savait ni lofer, ni abattre». Le même été, elle observe des pontons de Cannes le ballet des bateaux, qui viennent et sortent du port, avec une mélodie qu'elle apprécie, même si elle ne déchiffre pas encore la partition. Jeanne est étudiante en prépa Sciences Po à Paris.
Premières armes. «Aux vacances de Pâques, juste avant les concours, j'ai dit que je partais quelques jours naviguer. Mais à la fin de la semaine, j'ai appelé ma mère pour lui dire que je restais.» Ses parents ne sont pas enchantés mais la skipper «ne s'imagine plus en talons aiguilles, postée derrière un bureau.» Elle fait de