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Les gardiens du «temple»

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Belmonte serait le père de cette façon d'être face au toro.
publié le 19 septembre 2002 à 1h03

Le temple (prononcer tem-plé), pierre philosophale de la tauromachie, a été révélé il y a quatre-vingt-dix ans. Pour Santi Ortiz, journaliste à 6 Toros 6, il est né le 25 août 1912 à Séville, dans la Maestranza, lorsque Belmonte, le torero de la stupéfaction, a toréé comme on n'avait jamais vu toréer le novillo Guitarrito, du marquis de Tovar. La novillada était organisée par la confrérie religieuse de la O et il n'est pas innocent que l'épiphanie du temple se soit manifestée sous le double signe de la religion et de la musique accroché au nom d'un toro.

La notion sibylline de temple justifierait un gros essai phénoménologique tant le mot et la chose qu'il désigne, dans la tauromachie et hors d'elle, s'applique à toute sorte de domaines. Historiquement, le mot n'existe pas dans les dictionnaires tauromachiques avant Belmonte, même si le père de Marcial Lalanda prétendait avoir vu le torero de Cordoue Guerra templer des toros à la fin du XIXe siècle. On dira sommairement que templar, c'est ajuster sa cape et sa muleta à la vélocité de chaque toro ­ et «chaque toro est un monde», affirmait Ordoñez ­ donc peu à peu, par le miracle du temple, faire que sa sauvagerie s'amenuise et se métamorphose en acquiescement, et plus si affinités. Pour rester dans le musical, on dira que chacun met dans le temple son tempo au diapason de l'autre, jusqu'à ralentir la passe ou en donner l'illusion, problème jamais tranché.

Pointe de lait. Sur la faculté de polissage du temple, les garçons de caf