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Libération

Le père Noel a la dent dure.

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Ecrit en 1915, le pamphlet d'un excentrique antitaurin fasciné par la corrida est enfin traduit en français.
publié le 26 septembre 2002 à 1h07

Il faut féliciter l'Union des bibliophiles taurins de France pour son fair-play. Avec les Toros du désespoir, l'UBTF vient de publier un texte du plus fameux écrivain antitaurin espagnol. Si Eugenio Noel n'est pas le meilleur écrivain espagnol hostile à la corrida ­ Azorin peut revendiquer le titre ­, il reste le plus flamboyant et le plus quichottesque homme de lettres de la génération dite de 1898 à avoir vitupéré le vice suprême et ravageur de l'Espagne, la passion pour la corrida.

Comme le rappelle Marc Thorel dans son excellente préface, la passion de la corrida et le «flamenquisme» sont pour Eugenio Noel à l'origine de toutes les turpitudes, qui boufferaient comme des chancres la santé sociale de l'Espagne de Bombita et de El Gallo, à savoir dans le désordre : «Le théâtre de genre mineur, la majeure partie des crimes de sang, la pornographie sans volupté, les politiques véreux, les canailleries de la danse flamenco, la haine de la loi, le manque d'éducation, le courage physique porté au pinacle, la liberté de pouvoir faire ce qui vous chante, l'orgueil, le copinage, notre donjuanisme ridicule, la traite des blanches, ce délire de rires qui caractérise notre peuple, la bagarre, l'argot gitan, l'absence de respect envers les idées pures...» Citation non exhaustive.

Nitroglycérine. Dans les Toros du désespoir, publié en Espagne en 1915 sous le titre Las Capeas, Noel déverse largement sa hotte d'imprécations sur le monde des corridas populaires de village. Et il faut aussi f