Auckland envoyé spécial
La coupe de l'America est une affreuse aiguière d'argent. Elle est exposée, dans une vitrine blindée, dans la salle des trophées du Royal New Zealand Yacht Squadron, à Auckland, gardée par des colosses en costume noir et gants blancs. La coupe est le bien le plus précieux de la Nouvelle-Zélande. Elle est convoitée par une bande de baroudeurs venus de la terre entière. Ils sont prêts à tout pour la ravir, la baiser et la ramener chez eux, loin, très loin, aux antipodes, en Europe ou aux ...tats-Unis. «Gagner la coupe, c'est réussir un hold-up», dit Luc Gellusseau, directeur technique du défi français Areva. Deux équipages de corsaires, depuis 151 ans, ont réussi leur coup. Ils sont allés piquer le trésor aux Américains, chez eux, aux Etats-Unis : les Australiens d'Alan Bond en 1983 ; les Blacks avaient réitéré l'exploit en 1995.
Neuf challengers. On peut aussi tenter de l'acheter. Mais la mise est chère. Très chère. «La coupe, on va la garder à Auckland 132 ans, comme le New York Yacht Club», avait dit, à moitié en souriant, Peter Blake. Les Kiwis ont trois campagnes d'avance, disent les autres défis. En 2000, sir Blake et Russell Coutts ont défendu leur bien, sans avoir à quitter leurs gants. Black Magic a balayé le challenger italien Prada, et son élégant capitaine, Francesco de Angelis, 5 victoires à 0. «Une défaite cuisante, se souvient Luc Gellusseau. Un camouflet pour tous les challengers.» Alors, cette année, les challengers se sont armés jusqu'au