Auckland envoyé spécial
Un Class America est une machine infernale. Un engin, plus qu'un voilier. Le Défi, le bateau français sponsorisé par Areva qui dispute actuellement les éliminatoires de la Coupe de l'America, n'échappe pas à la règle. La grand-voile, immense, cache le soleil. L'équipage : 16 hommes, en combinaison rouge sang et gris charbon. Ils ont de 24 à 50 ans. Ils portent des noms de marins bretons. Tanguy, Eric, la grande gueule, Julien qui fait dorer ses pectoraux, Romain, qui grimpe au mat comme Spiderman, les deux Luc, les deux Sébastien, Thierry, et Timmy, le Hambourgeois. Les uns sur les autres, au creux du cockpit. Une bande emmenée par le plus doux des hommes, le barreur-skipper, Luc Pillot. Qui n'élève la voix que pour ordonner à ses hommes de se calmer.
Et il y a le «17e homme». L'invité. Le fils du patron ou la fille du sponsor. Ce jour-là, un journaliste. Pendant la régate, il n'a aucun droit : pas de notes, pas de photos, pas un mot ni un geste à l'équipage. Il s'agrippe à un bout, accroupi, à l'arrière du bateau. L'adversaire, ce jour-là, est en noir : Oracle, le Class America du syndicat le plus riche des éliminatoires de la Coupe. Son patron est le milliardaire californien Larry Ellison. Ses pilotes sont deux maîtres du match racing, la régate en duel : l'Américain Peter Holmberg et le Néo-Zélandais John Cuttler. Les Français déclinent Oracle ainsi : «One Rich Asshole Called Larry Ellison» (un riche trou du cul appelé Larry Ellison). L'Américain a g