Haut, bas, fertile. Il a le vertige. Il plonge au plus profond. La verticalité des immeubles new-yorkais le tétanise. Il descend accroché à son plomb dans les entrailles des mers. Il doit se cramponner à un bras ami pour avoir de l'aplomb face aux surplombs. Il respire au mieux au coeur des abysses, sa cage thoracique s'adaptant aux 17 kg de pression qui s'exercent tout en bas. Il dit : «J'ai une peur bleue du vide.» Il dit aussi : «En mer, la profondeur est protectrice.» Loïck Leferme, 32 ans, de faux airs de Patrick Edlinger, le grimpeur, va redescendre ce week-end dans les limbes de la belle bleue. Il tente de reprendre son record du monde. Apnée profonde, «no limit», descente à la gueuse, remontée au ballon gonflable. Trois minutes à retenir sa respiration, ce qui n'est pas grand-chose, en «statique», il tient le double. La difficulté, c'est d'adapter le corps en accéléré à cet univers compressé. Veiller aux tympans, aux poumons, et surtout garder le contrôle de soi, savoir quand renoncer, quand insister. Yogi et décideur à la fois. Leferme avait décroché -154 mètres l'an dernier. Tania Streeter, une Américaine, a atteint -160 mètres. Audrey Mestre, une Française, mariée au Cubain Pipin, un des caïds du secteur, vient de mourir en tentant - 170 mètres. Leferme qui dit d'elle : «Elle était douce, calme... Ça va me pousser à rester vigilant» devrait sagement s'arrêter à -162 mètres.
On est à Nice. Grand soleil, baraquements de L'Aigle nautique, son club de plongée, des