La créativité humaine a peut-être gagné un sursis avant le dépôt de bilan. Et «l’intelligence artificielle» n’a rien perdu de sa magie supposée: entamer l’ego de l’homme à défaut de le torpiller définitivement. Le champion du monde d’échecs, le Russe Vladimir Kramnik, a donc fait match nul face au champion du monde des ordinateurs. L’homme et la machine sont repartis dos à dos (4-4, deux victoires chacun, quatre nulles), samedi soir, à l’issue de la dernière d’une série de huit parties. La rencontre, disputée à Manama, au Bahreïn, l’un des royaumes du pétrodollar, a brillé par ses retournements, sa dramatisation, sa théâtralisation. Petit bilan de ce nouvel épisode fantasmatique du jeu d’échecs.
1/ Kramnik, méfiant et entraîné
Certes, le choc avait des airs de déjà-vu. Cinq ans plus tôt, Garry Kasparov avait laissé des plumes et s'était fait enduire de goudron après son fiasco face à un monstre de silicium: Deep Blue. Alors, quand il apprend que le match, maintes fois différé,Êva avoir lieu, Kramnik respire. Après tout, il a dépossédé de son titre le roi Garry. Et, à l'inverse de l'ogre de Bakou, il a mis un noeud à ses certitudes et à son orgueil. Il s'est préparé, lui. «Deux mois entiers à bosser, deux mois à trimer pour affronter des machines qui jouent de plus en plus comme des hommes», confiait Kramnik avant l'été. Il ajoutait aussi: «Kasparov n'avait pas compris combien les ordinateurs avaient évolué. Moi, je tenterai de le faire. En prenant du plaisir.»
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