Johannesburg correspondance
Il était la star de la Coupe du monde 1995. Chester Wil liams représentait alors le symbole de la nouvelle Afrique du Sud postapartheid et organisatrice de la compétition après des années de boycott. Premier joueur noir à intégrer les Springboks depuis 1992 et l'unification du rugby sud-africain, il était la preuve vivante que le pays opérait un virage à 180 degrés dans ce qu'il y avait de plus identitaire chez les Blancs : le rugby.
«L'euphorie n'a duré qu'une semaine», confie aujourd'hui l'ancien ailier des Boks, dans un livre publié il y a dix jours et intitulé Une biographie de courage. Williams explique qu'il s'est pratiquement toujours senti isolé au sein de l'équipe nationale. Lors d'un match en Afrique du Sud, au début des années 90, son coéquipier James Small lui aurait même lancé : «Putain de nègre, pourquoi tu veux jouer notre jeu ? Tu sais que tu ne peux pas !» L'insulte était courante à cette époque, selon Williams. La «Perle noire» révèle également que, lors de tournées à l'étranger, il mangeait seul, et que l'entraîneur Nick Mallett (actuel coach du Stade français), l'aurait exclu de la Coupe du monde 1999, arguant avoir déjà son «quota» de joueurs de couleur.
«Juste jouer». Pour Williams, issu de la banlieue pauvre du Cap, son image de «symbole d'unité» était un mensonge. «Chester était la bonne conscience des traditionalistes blancs sud-africains, l'image vendue au monde par les patrons blancs du rugby pour la Coupe du monde 95», écr