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Analyse

La peur débarque de Broc

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publié le 12 novembre 2002 à 1h44

Dans la nuit de dimanche à lundi, le navigateur quimpérois Bertrand de Broc (Banque Covefi) a décidé de son propre chef d'arrêter son métier de coureur en solitaire. Il est donc rentré à Brest. Comment de Broc a-t-il réalisé qu'il n'était plus fait pour cela ? Il est passé dans la zone dans laquelle Jean Le Cam a tamponné le bateau chaviré de Franck Cammas dimanche soir. Lui sont alors revenus en mémoire ses deux naufrages, dont celui dans le Vendée Globe 1997, son monocoque perdant la quille alors qu'il était à une journée de la terre : «Je me suis rendu compte que je ne me sentais plus de le faire.» Par-delà tout jugement de valeur, que son propre milieu ne manquera pas de poser sur cette décision, il serait urgent de dire que faire coureur au large sur un multicoque est définitivement un métier de cinglés.

Un tabou est brisé. Jean Le Cam, accablé par le sort puisque c'est sa troisième avarie cette année, répare à Camaret son trimaran Bonduelle endommagé. Alors qu'il mettait tout en oeuvre pour repartir, il lâchait à propos de De Broc : «C'est une décision qui lui appartient.» Quelques semaines avant le départ du Rhum, Bertrand de Broc donnait un éclairage qui faisait déjà froid dans le dos : «On sait qu'on ne navigue pas sur ces bateaux parce qu'ils sont souvent d'abord en chantier, mais aussi parce que quand on a navigué seul, on ne tient plus réellement à y retourner... Les marins n'aiment pas parler de ça, puisque c'est de peur qu'il s'agit. Naviguer en solo là-dessus e