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Libération

Karine, fille de son père et de la haute mer

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Elle a dû lâcher la course vendredi.
publié le 16 novembre 2002 à 1h48

Mademoiselle Fauconnier, qui a abandonné vendredi son trimaran Sergio Tacchini disloqué par la houle, est une fille de la haute mer. Un cargo était sur zone mais, sous l'effet d'une terrible houle, il a fallu se résoudre à remettre à aujourd'hui les manoeuvres d'approche. Abandonner son navire est, pour un marin, le pire des renoncements. Elle sait cela et en a pleuré de rage. Mademoiselle Karine a perdu son mât, et son flotteur tribord tient on ne sait comment. Elle avait fait «le gros dos dans la tempête des derniers jours». Elle était quatrième au pointage de vendredi matin quand son bateau a craqué, lui aussi victime de ce Verdun nautique.

Elle avait pourtant réglé sa respiration sur celle de sa machine. Mais la mer manque souvent de courtoisie. C'est le premier enseignement de papa et maman. Car voyez-vous, mademoiselle Karine, 30 ans, descend d'un couple royal. Par sa maman, des thoniers de Groix. Par son papa, grand coureur large, qu'elle appelle «Yvon». Monsieur Fauconnier père tenait de son père la science de la navigation au sextant. C'est la famille du compas et la règle rapporteur de l'amiral Jean Cras. Ce sont des choses savantes que l'on enseigne d'ordinaire à l'école navale et Karine les connaît, car papa était un excellent maître, quoi qu'assez peu professoral : «Yvon ? Mais il ne parlait pas à bord, n'expliquait pas grand-chose, en fait, presque rien. Quand je ne savais pas faire, il levait les yeux et me disait : "Eh ben ! Regarde !" Il m'a laissé faire, a r