La violente tempête de la semaine passée serait presque oubliée pour ceux qui ont encore un bateau intact. Car les autres ont tourné le dos à la Guadeloupe, plus occupés à essayer de rapatrier leurs biens qu'à regarder filer le reste de la flotte vers Pointe-à-Pitre. Les skippers ont retiré bottes et cirés, réchauffés par le souffle de l'alizé. Avec un sourire franc, ils parlent maintenant de plaisir de la glisse, de soleil et de ciel bleu. Mais certains sont tombés dans l'autre travers, aux prises avec le paradoxe d'un sport où le vent n'en fait qu'à sa tête, sans commune mesure : une fois c'est trop, une autre pas assez.
«Passage à niveau». Ainsi, derrière le trimaran de 60 pieds du Suisse Steve Ravussin (TechnoMarine), qui tient facilement la tête et qui pourrait bien battre le record de son compatriote Laurent Bourgnon (12 jours, huit heures, 41 minutes et 6 secondes), Lalou Roucayrol (Banque populaire) est coincé au «passage à niveau», une bulle de l'anticyclone des Açores, 500 milles plus au nord. «Je galère. Vivement que je sorte de là. J'en ai ras-le-bol, a lancé le skipper nantais. Nous n'avons pas pris le bon wagon et je plafonne à 8 noeuds. Parfois, tu mets jusqu'à une demi-heure pour repartir. Je suis vanné, je n'ai pas dormi une seule fois dans la bannette depuis le départ.» Sa grande peur est de se voir dépasser par Marc Guillemot (La Trinitaine) qui a quitté Punta Delgada dimanche soir, mais surtout Michel Desjoyeaux (Géant), à 300 milles derrière mais déjà pla