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Portrait

Marc Guillemot, le «dur au mal»

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Rescapé d'un chavirage en 1985, il court sa dernière solitaire.
publié le 22 novembre 2002 à 1h51

Pointe-à-Pitre envoyé spécial

L'argent ne va pas au talent. Pas plus qu'il ne va au courage. Sinon, Marc Guillemot, pointé hier à la deuxième place des multicoques (la Trinitaine) à 190 milles de Michel Desjoyaux, aurait été un marin cousu d'or. Mais la marine à voile paie mal. On sait le soin qu'il faut apporter pour peindre les marins. Madame Guillemot, qui est peintre de son métier, en sait quelque chose. Elle serait stupéfaite de voir son mari en héros, pourtant c'en est un, un véritable, comme tous ceux du Rhum que la mer a lessivés. Evidemment, un mari navigateur qui fait la vaisselle à terre et qui a été, en partie, épargné par la casse, ça parle moins.

«Trop casse-gueule». Marc Guillemot, 44 ans, a décidé, il y a six jours, alors qu'il faisait halte aux Açores pour réparer, de ne plus courir en solitaire : «C'est trop casse-gueule, trop usant, j'arrête.» Il disait avant de quitter Saint-Malo : «Je ne ferai pas le concours du plus vieux marin. Je ne me suis jamais voilé la face : la peur est un sentiment qui me travaille.» Les Guillemot et les de Broc sont cousins. Des gens de l'Odet qui disent les choses, même quand ça ne plaît pas. Hier, il disait : «C'est une belle journée comme je les aime.» Il y a tout dans cette phrase, la joie de naviguer que personne ne saurait traduire et puis aussi «ce petit plaisir, comme se raser en mer». Il n'est pas dit non plus que monsieur Marco se reposera de retour à Saint-Philibert (56) dans un transatlantique face à l'Océan en fumant