Pointe-à-Pitre envoyé spécial
Cet homme est victime de son nom : Desjoyeaux. Le Breton a remporté dans sa classe (multicoques) samedi la Route du Rhum à bord de Géant, en 13 jours, 7 heures, 53 minutes, à la moyenne de 14 noeuds. Pour que les choses soient claires, c'est Pasteur sans la barbe qui naviguerait, car Michel donne l'impression de toujours trouver le vaccin pour lutter contre la défaite, c'est rageant pour la concurrence. L'intelligence maritime, si elle devait avoir une tête, aurait celle de Michel : sécheresse de cep, visage anguleux, cheveux frisés. Il a également pour lui la veine, comme tous les grands champions : «Steve (Ravussin) finissait la course en convoyage et avait course gagnée. Quand j'ai su qu'il avait chaviré, je me suis dit : mais c'est pas vrai !» La clairvoyance ? La chance ? Il répondrait que le marin qui évite le front qui a décimé la flotte et qui préserve son bateau a de fortes chances de toucher terre en tête. Le Rhum a des tiroirs, on doit donc ranger les chaussettes avec les chaussettes : «Il y a des classements avec des vainqueurs, et des vainqueurs pour chacun de ces classements. Ellen est première en monocoque et moi en multicoque. Il n'y pas deux vainqueurs, car il y a encore d'autres qui vont arriver.»
Faut pas trop l'emmerder avec Ellen. Il peut griffer. Il a été plus vite tout en s'étant arrêté en tout 17 heures pour réparer. «Il y avait peu de concurrents, donc peu de concurrence. C'est vrai que l'on pourrait faire des coffres-fort