La Plagne, envoyé spécial.
A 5 heures du matin, mardi 17 décembre, le Suisse Martin Annen dort sur ses deux grandes oreilles décollées, hôtel de la Maline, à Aime. Annen a 29 ans, des cheveux ras et semble capable de tordre du métal avec ses dents ou ses mains. Il fait du fromage pendant l'été et du bobsleigh le reste de l'année. C'est un des pilotes vedettes du circuit, de l'équipe nationale helvète et, comme à chaque saison, un des favoris de la Coupe du monde qui passe ce week-end sur la piste olympique de La Plagne. Martin Annen possède trois bobs et, pour les équiper, huit paires de «patins» parmi les plus avancés. Cela veut dire beaucoup d'argent : près de 46 000 euros par engin, 8 000 euros pour une paire de lames bien affûtées. Il est soutenu par des sponsors, un club cossu à Zurich et ne peut bouger ses 100 kg de muscles sans déclencher les soupirs d'admiration de ses compatriotes des deux sexes. Il paie de sa poche ses «pousseurs». Quelque chose l'indispose dans le monde tel qu'il est : les primes accordées par la Fédération internationale de bobsleigh (FIBT) «ne sont pas assez élevées».
Versant français. Mardi, dans la même nuit encore obscure, Charles Ferraris quitte son village d'Aime au fond de la vallée de la Tarentaise. Sa maison-chalet est à deux pas de la tour Maline, où Annen repose du sommeil des bobeurs bien payés et reconnus. Ferraris se rend dans les environs de Chamonix pour raison professionnelle. A 28 ans, il a pris en charge la PME familiale et, quan